II

Il n’y avait pas besoin de pénétrer dans l’appartement, il suffisait de déconnecter les scellés et la porte, privée de magnéto, coulissait sur l’horreur. Et c’était une horreur trop fraîche pour être simplement constatée. Du moins… une partie était fraîche, celle qui était parvenue à la porte après avoir traversé tout le salon en glissant sur son propre sang comme lubrifiant, à peine retenue par ce que son abdomen avait déversé de tripes près de l’écran tridi.

Le plus gros avait été ramassé par la Médicolégale. Il n’en restait que des reliefs d’une couleur douteuse sur le premier tiers de la tramée sanguinolente, et des morceaux ignobles incrustés dans le poil trop long d’un canapé autrefois immaculé – le même canapé qui, il y a douze jours, avait déjà recueilli le sang d’un autre crime, bien sec aujourd’hui –, pendant que le tissu mural s’imprégnait de cervelle.

Deux meurtres à onze jours d’intervalle : une mort nette et une agonie de quelques minutes. Mais de la même arme et à la même distance, celle qui séparait la porte violée des victimes fauchées par surprise.

Bon sang ! comment pouvait-on être assez stupide pour confier sa vie à un verrou électromagnétique ? Le flic de la T.A.M., au moins, avait une excuse : la magnéto était déjà bousillée, mais l’autre, le locataire, le premier mort ?…

— Merde ! jura Deen pour le principe, parce que le tableau n’était pas spécialement ragoûtant, parce qu’il aurait aussi bien pu déjeuner avant de venir.

En fait, les vestiges du carnage ne risquaient pas de perturber son appétit, parce que cette affaire, si hasardeuse soit-elle, était la preuve irréfutable qu’il était sorti du trou noir, de l’anonymat et des chiens écrasés.

Deen Chad travaillait depuis six mois pour Invest, la deuxième agence policière de la planète, la firme la plus prometteuse pour un jeune flic mal diplômé qui avait bourlingué quatre ans avec de petites entreprises spécialisées dans le délit mineur, le suicide authentique ou l’accident certifié. Bien sûr, il était devenu l’un des meilleurs dans son job, avec un pourcentage d’arrestations parmi les plus élevés… Mais s’il n’y avait pas eu, coup sur coup, ces deux suicides que la T.A.M. n’avait pas reniflés et qu’il avait démaquillés seul, en mouillant sa licence, pour que les enquêtes soient rouvertes, il continuerait à se taper des flags dans le sub ou à piéger des receleurs de tridis. Et ça ne s’était pas passé tout seul !

Sa candidature à la T.A.M. avait été refusée sans entretien. Son premier contact avec Invest s’était achevé sur un couac lamentable. Ses démarches auprès des trois autres gros groupes n’avaient abouti qu’à des offres de salaire minable, pour faire le sale boulot d’un petit inspecteur sans avenir, et qui finirait par se faire suriner par un dealer de quartier, un rat d’astroport ou un casseur d’agraves. Il s’était même résigné à accepter une licence dans une sous-filiale de la T.A.M. !

Et de nouveau la chance ! Il s’était retrouvé en compétition avec un jeune loup d’Invest sur un trafic de matériel cybergical. Des loups, jeunes ou sur le retour, il aurait pu en bouffer un tous les matins, mais ce n’était pas son truc. Si celui-là n’avait pas exsudé la pire des suffisances, il lui aurait donné un coup de main pour boucler l’enquête plus vite. Mais l’autre ne voulait entendre parler ni de collaboration ni d’échange de bons procédés. Il piétinait encore de mauvaises informations d’indic quand Deen avait remis le dossier ficelé à l’instruction.

Le lendemain matin, le directeur d’enquêtes d’Invest l’appelait à son domicile et, le soir, Deen arrosait la plus belle licence qu’un flic de terrain puisse espérer, celle d’inspecteur solo. Solo, cela signifiait qu’il travaillerait seul, directement pour le D.E., mais cela voulait dire aussi qu’il disposerait à sa guise des formidables moyens d’Invest. Et, Invest, c’était d’abord le meilleur Acheteur sur le marché de la Justice, un Acheteur qui connaissait tous les commerciaux des entreprises d’instruction, qui savait choisir les dossiers les plus juteux en fonction des talents de ses investigateurs, qui négociait au mieux les conditions d’inculpation et, surtout – surtout ! – qui maîtrisait parfaitement la concurrence.

Deen vouait une admiration sans bornes à Ravieri, l’Acheteur d’Invest, et d’autant plus grande que celui-ci lui accordait une confiance presque déplacée, qu’en vingt-six dossiers il n’avait pas déçue. Cette affaire, par exemple, l’Acheteur n’en voulait pas. Il ne la sentait pas et il l’aurait volontiers laissée sur les bras de la T.A.M. Mais Deen Chad l’avait réclamée et Ravieri s’était battu pour que l’instruction la lui donne. Ce n’était pas courant qu’un Acheteur obtienne la reprise d’un dossier alloué à une firme adverse, a fortiori quand il y avait mort d’enquêteur, mais Ravieri avait prétexté que la disparition violente de son inspecteur démontrait l’incapacité de la T.A.M. à conduire l’enquête jusqu’à sa conclusion. Bien entendu, la T.A.M. n’abandonnerait pas facilement. Elle poursuivrait son investigation en sous-marin. Seulement, elle n’avait plus aucun accès au dossier ni de couverture légale, plus le droit de présenter une licence à un témoin, ni celui de placer un suspect en garde à vue, plus la possibilité d’utiliser une arme contre le ou les criminels, même si leur culpabilité était établie…

Deen disposait privativement de l’affaire.

Il fit un tour rapide de l’appartement et s’assit dans un fauteuil indemne de sang, d’intestins et de cervelle, face à la porte d’entrée. Pourquoi le meurtrier était-il revenu onze jours après son premier forfait ? Parce qu’il avait laissé un indice qui risquait de le dénoncer ? Parce qu’il avait oublié de prendre quelque chose à sa première visite ? Ou parce qu’il lui fallait descendre ce flic qui le pistait ?

C’était curieux que ses pensées soulèvent d’abord cette question dans un dossier qui n’était fait que d’énigmes. C’était même une forme d’intuition à laquelle il ne pouvait pas résister, comme si son inconscient lui soufflait qu’il existait une réponse simple… simple et fructueuse.

Il fallait être téméraire pour envisager d’abattre un solo de la T.A.M. de jour et de face, et il fallait être un bon professionnel pour y parvenir. Il s’agissait donc d’un pro. Or, un pro n’aurait pas eu besoin d’éliminer un inspecteur pour se couvrir, parce qu’il n’aurait pas laissé de trace à son premier passage… Possibilité : le meurtrier avait été surpris par la présence d’un flic alors qu’il venait chercher un objet oublié onze jours avant…

Bien. Avait-il trouvé ? Avait-il eu le temps de chercher, avec un solo agonisant qui rampait à ses pieds ? Probablement pas, ou alors c’était un rapide, parce qu’il était reparti avant que le mourant n’atteigne la porte, sinon il aurait marché dans son sang et laissé des traces. Mieux : il avait tiré et il s’était enfui, sans savoir que l’inspecteur Axid était un solo.

L’objet était donc toujours en place et le tueur qui n’avait pas eu l’occasion de revenir (à cause de la Médicolégale et des scellés qui l’auraient trahi) allait le faire.

— Je t’attends ! lâcha Deen à la porte.

Il tira son com d’une poche et appela Invest :

— Deen Chad. Je veux deux flingueurs et une équipe d’entretien appartement C124N Sark Pyramid. Prévoyez un roulement toutes les dix heures, jusqu’à nouvel ordre.

— C’est si sale que ça ? répliqua le com avec la voix de quelqu’un que Deen connaissait très bien.

— Arrête tes conneries, Vali, c’est sérieux ! Et refile-moi des bons parce qu’en face, c’est un pro.

Vali était la responsable du service com au siège social d’Invest et, en tant que cadre supérieur, elle répondait rarement aux appels du personnel d’investigation. Mais elle avait un faible pour Deen Chad, quelque chose comme l’envie de coucher plus souvent avec lui. Mais Deen, malgré tout le charme de cette quadragénaire bien conservée, trouvait qu’il était plus simple d’éviter les contraintes d’une relation suivie, fût-elle uniquement sexuelle.

— Affaire Hherkron/Axid… Tu as déjà levé le gibier ?

— Ton gibier, Vali, c’est un mangeur d’hommes qui dessoude ses clients avec un sonic. La T.A.M. s’est-elle enfin décidée à nous expédier les disquettes d’Axid ?

Deen possédait le dossier d’instruction, seulement celui-ci ne contenait ni les recherches ni les notes d’Axid et, sans elles, il risquait de perdre beaucoup de temps à redécouvrir ce que l’enquêteur avait déjà trouvé.

— Tu rêves, mon petit Deen ! Ils ne vont pas te faire de fleur… Cela m’étonnerait qu’ils t’offrent le boulot d’Axid sur un plateau !

— Colle-leur une injonction avec menace de perquisition dans leurs ordinateurs.

— Non. Ça, ça marche avec les petites boîtes, pas avec la T.A.M. Et personne ici n’a envie de commencer une guerre des polices. Nous sommes parmi les meilleurs, mon chou, mais à côté d’eux nous sommes des rigolos. Tu veux autre chose ?

Vali pouvait apprécier la fougue de Deen mais, pas plus que le D.E. ou Ravieri, elle ne l’aurait laissé risquer la quiétude d’Invest.

— Cette semaine, Axid a dû faire des démarches sans rapport apparent avec l’affaire Hherkron, et ces démarches ont abouti à son retour à l’appartement. Trouve-moi ce que c’est. D’autre part, branche l’Info sur un événement qui se serait produit dans la même période, un cambriolage, un casse, n’importe quoi qui concernerait quelqu’un ayant la moindre relation avec Hherkron… Sûrement hier ou avant-hier dans la journée.

— Dans la journée ?

— Nous avons affaire à quelqu’un qui n’intervient pas la nuit. Peut-être un héméralope, un noctiphobe ou le disciple d’une secte qui prohibe le travail nocturne… Je te laisse.

Deen coupa la communication sans que Vali ait eu le temps de placer un dernier mot. Il n’avait pas envie d’entendre une allusion à leurs relations extra-professionnelles. De plus, il voulait passer l’appartement au peigne fin avant que le duo de flingueurs ne le rejoigne.

***

Une chambre, une cuisine, un salon… La fouille fut aussi rapide que vaine. Hherkron avait peu de meubles, pas d’ordinateur et seulement deux appareils qui contenaient des processeurs ! la tridi et un cryocuisineur, Deen les avait scannerisés, aucun d’eux ne recelait autre chose que des puces destinées à leur usage originel et ni le mobilier, ni le sol, le plafond ou les murs ne contenaient de cache susceptible d’abriter plus que de la poussière. Aucun bibelot, aucun tableau, aucun holo, peu de linge et de vêtements, une vaisselle réduite à deux couverts, pas d’objets personnels… rien que l’indispensable d’un quotidien à faire peur… Hherkron avait beau louer depuis dix ans, il n’habitait là qu’occasionnellement, malgré ce qu’affirmaient son id-proc et les fichiers R.G.

Ça, l’inspecteur Axid l’avait remarqué instantanément, aucun solo ne serait passé à côté. Qu’avait-il noté d’autre ? Deen tira son id-proc, le déplia et appela le fichier Hherkron sur le mini-monitor.

A priori, il le connaissait parfaitement, mais à la lumière de ses dernières « remarques » et dans le contexte, il pouvait le lire d’un œil neuf.

Hherkron était skamite, mais il n’était pas né sur Skam et semblait n’y avoir jamais mis un pied. Il avait vécu sur à peu près tous les mondes habitables de l’Agrégat d’Eben, avant de s’installer sur Cheur comme multitechno indépendant, et n’avait quitté la planète que pour se rendre à titre professionnel dans l’une ou l’autre des bases du système. Sa spécialité était la maintenance de machines-robots en milieu anaérobie, profession à haut risque et très lucrative. En dix ans, il avait effectué plus de cent interventions. Que faisait-il de ses stellars ?

Pas de relations amicales ou sexuelles connues, pas d’activités illégales fichées, aucun accroc avec aucune administration planétaire ou privée, sans hobby et sans vice particulier, Hherkron n’avait pas de profil type. Et pourtant il menait une double vie dont la face cachée était indécelable. Combien existait-il d’anonymes dont personne ne savait rien et qui menaient une existence inavouable ? Peu, en tout cas, affichaient un train de vie aussi modeste…

Était-il lui aussi tueur à gages ? Dans cette hypothèse, l’utilisation de ses émoluments était encore plus cruciale. Voilà ce qu’Axid avait étudié en premier et, puisque aucune banque ne signalait de compte ronflant au nom d’Hherkron, il avait commencé par chercher la seconde identité de ce discret multitechno skamite.

Au fond, c’était amusant de marcher dans les pas d’un collègue défunt dont on ne pouvait qu’imaginer la démarche. Le plus distrayant, d’ailleurs, étant de faire d’aussi grandes foulées que lui, le cul dans un fauteuil. Deen ne détestait pas l’action, au contraire, mais ces moments où seul son cerveau fonctionnait et dont toute l’action dépendait, lui procuraient des satisfactions que peu de flics pouvaient comprendre.

« Je dois être un intellectuel… » n’osa-t-il pas prononcer à haute voix.

Il n’était pas difficile de deviner comment Axid s’y était pris : avec leur tête de furet imberbe, leurs deux mètres vingt pour soixante-dix kilos, leurs grands yeux d’abrutis quasiment sans pupille et leur espèce de cou interminable et désarticulé, les Skamites étaient d’autant plus aisés à repérer qu’ils ne devaient pas être mille à résider sur Cheur. C’était, au pire, un travail de localisation, de recoupements et de vérifications informatiques, plus une visite à chaque candidat sérieux… Un boulot de deux jours, peut-être trois… Mais les huit ou neuf qui manquaient ?… C’était beaucoup, huit ou neuf jours, surtout pour un commissionné… Quoi qu’eût découvert Axid, cela ne l’avait pas ramené directement à l’appartement. Il y avait au moins un tiroir !

Si par goût de la complexité Deen aimait les dossiers à tiroirs, il détestait voir son pourcentage s’amenuiser avec la durée de l’enquête. Or, pour arracher l’affaire, Ravieri avait dû négocier très bas, si bas que, pour peu qu’il ne lève pas quelque lièvre sur une autre filière, Deen Chad allait travailler pour l’indemnisation minimale, les frais et la gloire. Malgré ses fantasmes de Planetary Police Award, Deen détestait les succès d’estime.

— Bordel ! J’ai intérêt à trouver un raccour…

Ce qui l’alerta fut un frémissement de la porte juste avant qu’elle rentre dans le mur. Il chassa le fauteuil d’un pied pour créer une diversion, plongea vers l’avant en tirant son laser du holster et se retrouva affalé dans la mare de sang, le laser à bout de bras au-dessus de la tête, pointé sur la stupidité ahurie des deux flingueurs d’Invest.

— Putain ! vous êtes cons, les mecs ! hurla-t-il.

Le duo n’avait même pas eu le temps de porter les mains vers ses armes.

— Vous savez que vous êtes morts, là ? continua à vociférer Deen.

Ils en prirent conscience en deux secondes, le temps que Deen se relève et le temps d’éclater de rire devant l’état de ses vêtements, bruns de sang caillé des pieds à la tête.

— Pauvres connards ! J’aurais dû vous descendre ! Ah mais je ne suis pas inquiet… Quand le tueur va se pointer, il sera à la fête ! C’est ça des flingueurs d’élite ? Ben merde ! Vous avez plutôt intérêt à dégainer, maintenant, et à pas lâcher vos armes !

Les flingueurs ravalèrent leur rire et s’offrirent même le luxe d’une peur rétroactive, du moins se montrèrent-ils vaguement penauds.

— C’est pour ça qu’t’es inspecteur et pas nous, dit l’un. On n’avait pas réfléchi que…

— Ouais, bon, on va pas en chier dans nos frocs, dit l’autre. On a fait une connerie, c’est entendu. On fera gaffe la prochaine fois. C’est quoi ton tueur ?

— Un pro aux abois. (Deen s’était calmé.) Il s’est déjà farci un solo et, à mon avis, il a une boulette à faire oublier. Donc, pas de fioritures. Vous l’assaisonnez… mais vous ne le laissez pas sur le carreau. Un macchab nous coûterait la peau des fesses. Je suis clair ?

— Tu veux l’entendre avant qu’il ait le temps de crever, c’est ça ?

— Voilà !

— Comment on le reconnaît ?

— Pas de problème. Il a un sonic à la main et il tire tout de suite ! (Deen espérait qu’ils le prendraient au sérieux, et qu’il y avait assez de matière grise dans ces deux hures de sangliers farcies.) Vous serez relevés dans dix heures et vous ferez passer la consigne.

Au moment où il s’apprêtait à sortir, l’un des flingueurs crut devoir le rassurer :

— Te fais pas de bile, solo ! Y aura pas de lézard…

Jamais Deen ne s’était senti aussi inquiet.

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